LE CONFORT ACOUSTIQUE

Le confort acoustique constitue l’un des aspects qui a le plus d’influence sur la santé et le bien-être des travailleurs. Il a été démontré que l’exposition à un niveau de bruit excessif possède un lien direct avec des problèmes de santé tels que les troubles du sommeil, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires, ainsi que les complications dans l’apprentissage et la cognition. Cet ensemble de facteurs entraîne un accroissement de l’irritabilité et du taux de stress, ainsi qu’une diminution significative des performances et de la concentration des travailleurs.

Au bureau, l’origine du bruit peut provenir de diverses sources : pollution acoustique extérieure générée par la circulation ou les chantiers situés à proximité, pollution acoustique intérieure produite par ordinateurs, imprimantes, photocopieuses ou par les systèmes de climatisation ou d’aération. Mais le bruit le plus gênant est incontestablement celui que génèrent les conversations ou les appels téléphoniques des autres personnes. Fluctuant et saturé d’informations, il se révèle bien plus destructeur que le bruit continu et « sans contenu ». Sans oublier l’Effet Lombard, c’est-à-dire la tendance involontaire, très fréquente au sein des bureaux et des espaces publics, à parler plus fort dans des environnements bruyants afin d’entendre et d’être entendu. Tous ces facteurs prouvent qu’il est essentiel d’analyser la nature de chacun des sons.

Au cours de ces dernières années, la dimension créative et collaborative des nouvelles méthodes de travail a généré des bureaux bien plus ouverts et flexibles, et de ce fait, l’acoustique s’érige comme l’un de leurs principaux défis. Ces espaces conjuguent environnements de concentration et collaboration, et, à l’instar des salles de réunion ou des bureaux individuels, il s’agit de parvenir à un confort acoustique optimal.

De l’architecture et la construction du bâtiment, à la distribution des espaces, en passant par le mobilier ou les matériaux, tout peut contribuer à contrôler les niveaux de bruit et à améliorer la santé et le bien-être des occupants. La solution consiste à proposer une large variété d’environnements capables de répondre à tous les sens, et qui repose sur une conception qui ne se réduit pas à l’esthétique, qui mise sur des outils a priori immatériels, tels que l’acoustique, l’éclairage et l’aération. Autant de facteurs essentiels pour l’augmentation de la créativité et de l’engagement des travailleurs.

Cependant, le confort acoustique ne se réduit pas uniquement au choix des bons matériaux isolants, ou à dresser des cloisons et à placer des portes. Il s’agit également de séparer les activités en fonction de leur niveau sonore, car il est indispensable de pouvoir offrir des environnements différenciés en tenant compte du type de tâche à effectuer ou de l’état d’esprit de l’utilisateur. En effet, si les salles de réunion ou les bureaux indépendants peuvent se contenter d’une bonne fermeture et de matériaux isolants efficaces, il n’en va pas de même avec les espaces ouverts.

Il est possible de parvenir à ce qu’un seul et même espace puisse contenir différents environnements dotés de divers « niveaux d’intimité », grâce notamment à l’utilisation de matériaux phono-absorbants employés sous forme de cloisons de séparations intégrées au mobilier. D’autre part, il convient d’éviter les meubles hauts, qui suppriment le contact visuel entre les travailleurs et obligent ceux-ci à hausser la voix plus facilement ; d’opter pour des surfaces courbes qui réduisent le bruit ; et de placer photocopieuses et imprimantes dans des salles séparées. Par ailleurs, la musique d’ambiance peut constituer également un facteur de bien-être pour les travailleurs, dans la mesure où elle s’harmonise avec le type de tâche à effectuer. De nombreuses études ont démontré les multiples bienfaits de la musique : elle renforce la capacité cérébrale et favorise la concentration, elle permet d’accroître la motivation et de créer une ambiance de travail positive.

En conséquence, et même si la tolérance au bruit varie en fonction de chaque personne et de chaque situation, il est indispensable de créer des espaces de travail qui soient le plus silencieux possible. Il n’existe pas de réglementation spécifique concernant le bruit, mais deux recommandations s’appliquent à cet effet : la recommandation du Guide technique du DR 488/1997, du 14 avril, portant sur les dispositions de sécurité et de santé minimales en matière d’utilisation des écrans avec affichage des données, qui stipule que « pour les tâches difficiles et complexes, le niveau sonore équivalent continu (ou LAeq) supporté par l’utilisateur ne doit pas dépasser 55 dB(A) » ; et la recommandation de la Norme de base pour la Construction-88:NBE-CA-88, qui place les limites à 40 dB(A), pour les bureaux professionnels, et à 45dB(A) pour les bureaux.

Stress, fatigue, perte de concentration … L’adage des open spaces !

Imaginés, il y a plus de soixante-dix ans, les open spaces sont devenus à présent le standard pour les entreprises désirant bénéficier d’une ambiance de travail conviviale.

L’objectif était ambitieux et faisait parler de lui-même : améliorer à la fois la qualité de vie au travail des salariés tout en boostant leur productivité, par la mise en commun des connaissances et savoir-faire ainsi que par une communication dite décomplexée et facilitée.

Bien entendu, la vision d’un bureau ouvert, éclairé et animé est beaucoup plus attirante qu’un bureau austère avec une seule fenêtre … Seulement voilà, faire le choix de l’open space c’est aussi faire le choix d’abandonner les personnes nécessitant un environnement de travail calme où la concentration est de rigueur.

A partir des années 80, le décloisonnement par la création d’environnements de travail collectifs où l’émulsion collective est poussée à son paroxysme était alors un enjeu à la fois social et économique. En effet, les entreprises économisèrent de l’argent sur les charges d’agencement, sur les mètres carrés … tout en donnant l’image d’une entreprise « cool » et tendance où il fait bon vivre. Si bien qu’aujourd’hui deux tiers des salariés français travaillent dans des espaces de travail collaboratifs … Mais dans ce cas … pourquoi cet article ? Nous allons voir que les open spaces, terrains privilégiés des start-up et des agences, cachent plusieurs vérités qui témoignent d’un mal être naissant chez les salariés …

Un aménagement favorisant, à terme, l’isolement. 

UN LIEU PROPICE AUX ÉCHANGES ?

Les open spaces ont été créés à l’origine afin de favoriser les interactions, les échanges et l’émulsion collective. Ils permettent de donner l’impression aux salariés de travailler ensemble vers un objectif commun permettant aussi de favoriser la cohésion de l’ensemble et l’appartenance à une entreprise commune. On retrouve ainsi l’adage : ” moins de cloisons, plus de cohésion “

A tort malheureusement, travailler dans un espace commun ne permet pas de favoriser la cohésion entre collègue, bien au contraire … Une étude de Harvard met en lumière une réaction humaine qui pousserait les personnes à s’isoler et à interagir plutôt par mail plutôt que d’aller voir directement la personne en question. En effet, depuis quelques années, les salariés ne parviennent plus à percevoir les avantages de travailler dans ce type d’environnement de travail et, au contraire, le décrivent comme un espace de distraction où il devient de plus en plus difficile de travailler, de s’y concentrer. En effet, en 2017, 57% des actifs français préfèrent travailler dans un bureau individuel fermé. Les caractéristiques revenant le plus souvent sont le manque d’intimité, la proximité et le bruit parfois trop marquées avec les collègues de travail entraînant ainsi un symptôme de contre-productivité dans les open spaces. (cf. ” Top 10 des idées reçues sur le bruit au travail que vous devez connaître ! “) D’après un sondage réalisé par l’agence d’intérim Qapa, 71% des femmes estiment travailler avec des collègues gênants contre 62% des hommes. Paradoxalement, 89% des sondés ne pensent pas être gênants pour les autres, comme dirait Jean-Paul Sartre : l’enfer, c’est les autres.

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